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Atelier « Mémoire et Création ».

autour de « Plus loin que loin » de Zinnie HARRIS.

 jeudi 14 juin 2007, en ligne par  François DESWERT   Travaux de la cla

Atelier « Mémoire et Création » autour de « Plus loin que loin » de Zinnie HARRIS.

Atelier « Mémoire et Création »
Les élèves de la classe d’accueil sont étrangers. Ils ont entre 12 et 17 ans et ne parlent pas français à leur arrivée dans la classe. Ils disposent d’une année scolaire pour apprendre à lire et à écrire le français avant d’intégrer une classe ordinaire. Certains ont été scolarisés dans leur pays d’origine, d’autres pas du tout ou très peu.

Participer à cet atelier leur a apporté un immense plaisir !
Professeur : Josiane ECARNOT

Algérie.

Atelier « Algérie »Pour Abdel de la part de sa grand-mère Mimound.

Quand j’étais petite, j’habitais dans une ferme qui s’appelait Selame car elle était à coté du lac Selame en Algérie. J’allais chercher de l’eau à la source avec mes copines pendant que mon mari allait vendre des amphores au marché.

Un jour les français sont venus chez nous pour qu’on leur donne à manger et ils se sont installés jusqu’au jour où je me suis énervée ! J’ai dit à mon mari : « il faut déménager chez les cousins. Là bas, ils ont des radis, des légumes, des fruits et des animaux. Des ânes des vaches, des canards etc. ...

Turquie.

Atelier « Algérie »Témoignage de la grand-mère de Sevgi.

Quand j’étais jeune fille, j’ai eu une fille qui s’appelait Elif. Elle était très gentille avec son frère qui s’appelait Momo. Momo est parti travailler en France.
Je me suis retrouvée toute seule avec Elif. Elle voulait aller à l’école. Son père ne voulait par parce qu’il n’avait pas beaucoup d’argent.
Quand elle a eu 10 ans, j’ai pu enfin lui acheter des livres, des cahiers et des crayons noirs parce que j’avais trouvé du travail et j’avais donc un peu d’argent.
A 19 ans, Elif s’est mariée avec son cousin Mustafa, un garçon de 20 ans.

Atelier « Turquie »Témoignage de la grand-mère de Kader.

Quand j’étais petite j’allais à l’école. Je faisais du théâtre avec mes copines et mes professeurs. Ma mère m’achetait des livres, des crayons noirs. Souvent, elle me faisait des surprises.
Quand j’ai été plus grande, mon père n’a plus voulu que j’aille à l’école ! J’allais l’aider à cueillir les pistaches. J’étais très heureuse !

Arménie.

Atelier « Arménie »De la part de la grand-mère de Zina.

Quand j’étais petite, j’habitais en Arménie. A l’école je m’habillais en noir et blanc, c’était l’uniforme obligatoire. J’ai rencontré ton grand-père un jour à l’hôpital où j’étais parce que j’avais eu un accident.
Je me suis mariée à 16 ans. J’ai eu mon premier bébé à 17 ans et après bien sûr j’ai eu 4 enfants : 3 filles et 1 garçon, ton père.
Là bas, à cette époque là, on avait beaucoup d’eau. Maintenant en Arménie, on n’a pas souvent de l’eau et le jour où on en a, il faut faire des réserves dans toutes sortes de récipients, dans la baignoire, dans les lavabos.

J’ai quitté l’Arménie et je suis aux Etats-Unis pour travailler et gagner de l’argent. Deux de mes filles, tes tantes sont restées en Arménie et ta maman et mon fils, ton père, sont avec toi en France.
Un jour, j’espère, nous retournerons tous en Arménie !

Maroc.

Atelier « Maroc »Témoignage de la maman d’Ito.

Quand j’étais petite, j’habitais dans une ville au Maroc. Les gens étaient gentils et ils ne faisaient pas de bruit. Dans notre quartier tout était calme, beau et propre. J’avais trois sœurs qui sont mortes.
La première était enceinte. Elle était couchée pour avoir son premier enfant et elle est morte. L’enfant a vécu un peu puis il est mort aussi.
La deuxième était à la maison et trois semaines avant son mariage, elle est morte aussi.
Un jour, la troisième était en train de jouer. Elle n’avait pas entendu le bruit terrible d’un avion et lorsqu’elle l’a vu elle a eu une telle peur qu’elle est morte d’une crise cardiaque.
Aujourd’hui nous ne sommes plus que trois sœurs. J’ai une fille que j’ai appelée Ito parce que pendant mon sommeil une nuit, j’ai rêvé de deux hommes qui m’ont dit que si j’avais une fille je devrais lui donner le prénom de « Ito ».

Témoignage de la grand-mère de Rajaa.

Quand j’étais petite, j’habitais à la campagne, au Maroc, dans le petit village dans lequel je suis née. J’ai grandi mais je n’allais pas à l’école parce que l’école n’existait pas. Dans mon village, il n’y avait pas d’électricité. On s’éclairait avec des bougies.
Lorsque je me suis mariée, je n’avais que 18 ans.
Avant, on ne faisait pas la cuisine comme aujourd’hui ! On faisait cuire dans un four en terre dans la maison.
La vie n’était pas facile mais elle était naturelle.

Khadija à sa petite fille Noura.

Quand j’étais petite, j’habitais dans un petit village du Maroc. Je n’allait pas école et je me suis mariée à l’âge de 17 ans … Je ne savais pas faire le cuisine !
Dans le village il n’y avait pas d’électricité, on s’éclairait avec des bougies et il n’y avait pas de robinets dans les maisons, on allait chercher de l’eau dans les puits.
Il n’y avait pas non plus de télé ni de machine à laver alors, on lavait les vêtements à la main.

Portugal.

Atelier « Portugal »Témoignage de mon père, Pedro.

Je m’appelle Humberto. J’ai commencé à travailler à l’âge de 10 ans. J’avais 34 ans quand je suis venu en France. Je travaillais comme maçon.

Autrefois, au Portugal, je mangeais des repas traditionnels. J’habitais dans un village qui s’appelle Abragao près de Porto.
Aujourd’hui, j’habite Dijon avec la mère de Catia. J’ai un enfant, un garçon qui s’appelle Pedro.

J’ai été opéré de la colonne vertébrale il y a deux semaines.
J’aime la France.

Atelier « Portugal »Témoignage de mon grand-père, Catia.

Je m’appelle Manuel. Autrefois, j’habitais au Portugal, dans un village qui s’appelait Avessadras près de la grande ville de Porto.
J’avais 15 ans quand je suis tombé amoureux de Maria. Je me suis marié avec elle à 18 ans.
Pour les grandes fêtes, je mangeais le plat traditionnel portugais préparé par Maria avec des pommes de terre et de la morue.
Je travaillais la terre, j’étais agriculteur. Je ne gagnais pas assez d’argent pour faire vivre ma famille.

Je suis venu en France, j’avais 26 ans ! J’ai commencé à travailler comme maçon.

Témoignage de ma grand-mère, Catia.

Je m’appelle Maria. Autrefois, j’habitais au Portugal dans un petit village qui s’appelle Abragao et qui est tout près de la grande ville Porto. Pour les grandes fêtes je préparais le plat traditionnel portugais à base de pomme de terre et de morue. Les autres jours de l’année, on mangeais peu : du pain et de la soupe …
Je me suis mariée avec Manuel à l’age de 20 ans. J’ai eu deux enfants : une fille qui s’appelle Fatima et un garçon qui s’appelait Manuel mais il est mort. Quand j’ai commencé mon amour avec Manuel, j’avais 17 ans.
La vie était dure au Portugal parce que je ne gagnais pas assez d’argent. Nous avons décidé de venir en France quand j’avais 28 ans. A partir de cette époque là, j’ai fait le ménage dans des hôtels avec un balai, un seau et une serpillière. Maintenant je suis retraitée.

Gabon.

Atelier « Gabon »Témoignage du grand-père de Khady.

Je suis né en Tunisie en 1932.
La Tunisie avait une économie essentiellement agricole. Nous vivions dans la ville de Tunis. Mon père travaillait dans une école d’agriculture.

La guerre a été déclarée et en 1942 les armées allemandes ont occupé la Tunisie durant six mois.
En 1943 les armées américaines et françaises ont repris la Tunisie.
En 1944 nous avons pu revoir nos familles en France.

A partir de cette date ma famille de Tunisie s’est dispersée et l’avenir m’est apparu plus incertain.

Congo.

Atelier « Congo »
Quand j’étais jeune, au Congo, on faisait la lessive dans des seaux et on n’avait pas la télévision, mais on avait la radio et une machine à laver.

Il n’y avait pas de four à micro ondes !
On avait un fer à repasser mais pas de DVD.
On avait une gare, le téléphone, des vélos, des voitures.
La vie était moins chère que maintenant !

Mayotte.

Atelier « Mayotte »Témoignage de la maman d’An Ichati.

Quand j’étais une toute petite fille, j’habitais avec ma famille sur une petite île : Mayotte. Il faisait très chaud.
A Mayotte, nous n’avions pas d’argent mais on se débrouillait quand même pour avoir à manger. Pour laver les assiettes, il fallait aller jusqu’à la rivière ou sinon, à la mer. Le matin, on allait d’abord à l’école coranique à 7h30. Après l’école, mes copines et moi, on allait à la mer pour pêcher des petits poissons.
Ma mère nous disait d’aller à la campagne pour chercher de quoi manger. Mon Papa ne travaillait pas ! Ma mère non plus ! Mais ils ont tout fait pour qu’on ne soit pas malheureux. Pour les devoirs, comme il n’y avait pas d’électricité, je les faisais après l’école pendant qu’il faisait encore jour.
On obligeait les filles à se marier. Je me suis mariée à l’age de 15 ans ! Mon premier enfant, je l’ai eu à 19 ans et maintenant, j’ai 5 enfants : quatre garçons et une fille.

Antoine.

Je me souviens que j’habitais à Mayotte dans un quartier qu’on appelle Baobab. J’allais à l’école depuis l’age de 6ans avec mon cousin. J’avais des amis et une copine. On jouait ensemble au foot et au basket.
On allait tous les jours à la plage et à la campagne.
Je me souviens d’une fête devant la mosquée avec tous mes amis de l’autre quartier ! _ Ce jour là, je me suis battu avec un de mes anciens amis !

France.

Atelier « France »A Raouf et Lotfi, témoignage de la grand-mère française.

Mes enfants, vous me demandez de vous raconter mon enfance, vous serez déçu car c’est une enfance sans histoire. Vous me dites de parler le moins possible de la guerre, vous avez raison, mais mes souvenirs de ma petite jeunesse sont tous plus ou moins reliés à cette époque.

A la déclaration de guerre, j’allais avoir 8 ans. Nous habitions un petit village lorrain de 200 habitants au bord de la Seille. Cette rivière nous séparait de la Lorraine annexées. La famille vivait en partie d’un côté et de l’autre. Quand on parlait d’eux, on disait « ceux de l’autre côté ».

Notre quotidien était sans histoire. L’école du village n’a jamais compté plus de 35 élèves dans une seule classe dirigée par une maîtresse qui avait en charge les enfants de 5 à 14 ans. Pour la lecture des petits, c’était nous les grands qui nous en chargions.
Pendant les vacances, j’étais souvent chez ma grand-mère qui habitait en bas du village et qui vivait seule. Cela me convenait bien, car étant l’aînée de 6 enfants, je recherchais la tranquillité ; j’aimais me promener dans le jardin plein de fleurs et courir après les papillons.

Mes parents avaient quelques vaches. Mon père louait le chemin communal qui mène à la rivière pour son herbe épaisse. Un jour, c’était mon frère de 2 ans mon cadet et ma sœur Irène de 4 ans plus jeune que moi qui gardaient les vaches pour qu’elles n’aillent pas brouter dans les prés des voisins. Le lendemain, c’était mon tour, seule, j’avais un peu peur, car il n’y avait personne dans les alentours à part les douaniers allemands qui patrouillaient avec leurs chiens sur l’autre rive. Je confesse que plongée dans mes livres, parfois les vaches allaient brouter dans les près de voisins. Je m’évadais dans la lecture.

Toute la bibliothèque rose de l’école et la bibliothèque pour les jeunes de la Comtesse y ont passé. Je lisais un livre par jour.

Jusqu’au débarquement du 6 juin 1944, nous vivions tranquilles nous les enfants. Puis tout a basculé, les Allemands reculaient, dans leur débâcle en Novembre 1944, ils ont entraîné tout le village avec eux au motif de nous protéger des bombardements américains, mais c’était plutôt pour que nous servions de bouclier. Ils nous ont emmené à Morhange sur la frontière allemande, nous y sommes restés environ deux mois, puis les américains sont venus et nous ont rapatrié à Nancy, c’était vers Noël 1944.

Je ne suis retournée à mon village natal que de courts moments pendant les vacances chez ma grand-mère.

Voilà, mes enfants comment d’une enfance sans histoire dans un petit village, je suis passée à l’adolescence dans une grande ville.
On n’oublie jamais son enfance.


Josiane ECARNOT
professeur de français (cla)
et
Numériquement vôtre.
François DESWERT
Webmaster du collège Clos de Pouilly